{"accessibility":"METERED","authors":[{"coverUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm-v2.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F6e60f1b0-caf8-4650-8837-bca379658939.png&width=1024&stripmeta=true","description":{},"email":"ybergeras@ledroit.com","imageUrl":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm-v2.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F11340ae4-2bf7-4a06-a21a-7e375fd898d1.jpeg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","name":"Yves Bergeras","source":"Le Droit","twitter":"YvesBergeras"}],"channel":"Arts visuels","chapters":[{"caption":"Le Musée des Beaux-Arts du Canada a ouvert une galerie à l'artiste torontois Paul P. L'exposition «Amor et Mors», à l'affiche jusqu’au 11 juin, réunit 30 œuvres de l'artiste queer, ainsi qu'une quinzaine d'œuvres plus anciennes de la collection du musée, pour évoquer les thèmes homosexuels qui se cachent parfois sous les apparences les plus anodines.","contentType":"image","credits":"Patrick Woodbury, Le Droit","position":0,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2F7bd6bb87-69ae-480b-80cd-1e84f73c648a.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":1,"text":"\n

Fort d’une récente acquisition (en 2020) de 30 œuvres signée Paul P., le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) consacre à cet artiste torontois une mini-rétrospective, à découvrir jusqu’au 11 juin.

Le visiteur de l’exposition Amor et Mors (l’amour et la mort, en latin) découvrira une galerie de portraits et de paysages peints, quelques gravures et dessins d’étude, ainsi qu’une sculpture en bois. Au-delà de la variété des sujets et des diverses approches, l’ensemble renvoie discrètement à la représentation de l’homosexualité que les artistes ont pu – et su – faire à travers le temps... à des époques pas si lointaines où le moralisme tolérait certaines impudeurs, mais où les artistes devaient faire preuve des plus grandes prudence et subtilité pour déjouer la censure, en cachant les références aux thèmes renvoyant à l’identité homosexuelle.

L’exposition reflète l’intérêt qu’a Paul P. pour le «langage crypté» développé par les artistes à travers l’Histoire.

Ces œuvres de Paul P. créées entre 2003 et 2019, le MBAC les fait entrer en résonance avec 15 autres œuvres tirées de sa collection, pour offrir un petit panorama de l’histoire de l’Art remontant jusqu’au 16e siècle.

L’exposition s’inscrit dans la direction prise par le MBAC pour s’efforcer de mieux refléter les voix des communautés longtemps sous-représentées au sein des institutions muséales, a rappelé la directrice générale par intérim du MBAC, Angela Cassie.

La «pierre angulaire» de cette exposition, fait-elle valoir, est une série de portraits de jeunes hommes que Paul P. a réalisés à partir de photographies publiées dans de vieux magazines érotiques gais.

","type":"paragraph","contents":[],"photos":[]},{"caption":"Le peintre canadien Paul P. à l'entrée de la galerie d'exposition d'«Amor et Mors», la première mini-rétrospective que le Musée des Beaux-Arts du Canada consacre au Torontois.","contentType":"image","credits":"Patrick Woodbury, Le Droit ","position":2,"type":"photo","url":"https://images.omerlocdn.com/resize?url=https%3A%2F%2Fgcm.omerlocdn.com%2Fproduction%2Fglobal%2Ffiles%2Fimage%2Fec1b04f8-8424-4cec-b1f0-12c5487311b8.jpg&width=1024&type=jpeg&stripmeta=true","contents":[],"photos":[]},{"position":3,"text":"\n

Ici, les bustes sont «désexualisés»; les visages, humanisés, mais ces portraits continuent de jouer subtilement avec certains codes de la représentation gaie dans les années 70 et 80, périodes marquées par l’émergence des revendications LGBTQ+ (mouvement dont l’origine remonte aux émeutes de Stonewall, en 1969 à New York) et les «années Sida».

Ces visages, «je les sors de leur contexte d’origine [érotiquement] explicite», indique Paul P., bien conscient du paradoxe qui s’installe entre son approche picturale et sa démarche analytique, lui qui, à l’oral comme à l’écrit, passe le plus clair de son temps à évoquer le cadre social – l’affirmation de l’homosexualité – dans lequel sont nées ses œuvres.

Toute l’œuvre de Paul P, dit-il, est en définitive «une bataille entre l’Histoire de la représentation implicite de l’homosexualité et l’Histoire de de sa représentation explicite. Les deux ne s’annulent pas mutuellement. En tous cas, c’est dans l’interstice entre les deux que je trouve mon intérêt» artistique.

Les images chastes qui parviennent à cachent des réflexions plus douloureuses liées à l’émancipation homosexuelle, et «les paysages en particulier», peuvent amener les gens à s’intéresser à ces questions, estime Paul P.

Si la démarche du Torontois peut sembler «profondément ancrée dans le passé», en ce que ses œuvres font office de petites fenêtres permettant d’observer ce «passé lointain et parfois pas si lointain», son travail est pourtant, au contraire, très marqué par le présent, soulignent tant l’artiste lui-même que la commissaire de Amor et Mors, Sonia Del Re.

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Le travail de cet artiste queer, explique-t-elle, invite à une relecture d’œuvres anciennes qui, tout en faisant mine d’aborder des sujets classiques ou mythologiques, jouaient en réalité, en toute discrétion, avec des thèmes liés à l’affirmation homosexuelle.

C’est notamment le cas de deux œuvres signées par le peintre britannique Simeon Solomon, vedette montante de la scène artistique à l’ère victorienne, mais mis au ban de la société après avoir été arrêté pour des actes homosexuels, illustre Mme Del Re.

L’une des deux œuvres, un dessin représentant l’embrassade vénielle (sur le front) de deux personnages coincés entre les silhouettes allégoriques de l’Amour et de la Mort, a d’ailleurs donné son titre à l’exposition du MBAC.

La toile, explique Sonia Del Re, est en fait un hommage au célèbre peintre Edward Burne-Jones, qui fut l’un des rares amis de Solomon à avoir continué à lui apporter son soutien après sa condamnation, lorsque son ostracisation l’a acculé à une misère noire.

Solomon est parvenu à manifester son homosexualité dans une seconde aquarelle exposée au MBAC, poursuit Mme Del Re en désignant le tableau : «un sujet biblique qui peut nous sembler totalement banal, aujourd’hui», mais où «le regard pénétrant» de deux visages masculins «engloutis par la noirceur» en dit long.

Au-delà des ses qualité esthétiques, il s’agit aussi d’«une scène de nuit qui renvoie à l’aspect nocturne des activités homosexuelles», souligne-t-elle.

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Dans leur voisinage, deux danseuses côte à côte exposent leur corps en faisant virevolter leurs voiles légers : l’une est dessinée par l’Américain James McNeill Whistler (un grand dandy de la trempe d’Oscar Wilde, dont il fut à la fois rival et ami) ; l’autre par Paul. P, grand admirateur de Whistler.

Sur un autre mur somnolent deux satyres; le premier faune est une sanguine (un croquis) d’Annibale Carrache qui date de 1590 ; l’autre œuvre est signée Paul P. Les courbes musculeuses des deux créatures mythologiques alanguies se chargent ici de sens plus souterrains, les satyres étant réputés pour leur insatiable appétit sexuel. Tout en se cantonnant à une dimension symbolique, le désir charnel indicible devient plus manifeste, sous la lentille de l’exposition Amor et Mors, témoigne la commissaire Del Re, qui est aussi conservatrice principale des estampes et dessins du MBAC.

Les œuvres de Paul P. ont été exposées dans quelques-unes des plus prestigieuses institutions de la planète, de Londres à Beijing en passant par Valence et Mexico City, et jusqu’au Museum of Modern Art de New York.

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Renseignements et billets: MBAC

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