Formé de sept administrateurs, Conservation Cantley, qui a été formellement constitué le 16 octobre dernier, s’inspire du modèle Action Chelsea pour le respect de l’environnement (ACRE). Cet organisme à but non lucratif avait accompagné des résidents de Chelsea qui avaient recueilli 900 000$ afin d’acheter une forêt de 57 acres, dans cette autre municipalité des Collines-de-l’Outaouais, en 2021. L’objectif de l’initiative, qui avait fait les manchettes à l’époque, était de protéger une propriété forestière face à un éventuel projet immobilier d’importance.
«ACRE a vraiment été une inspiration pour nous. Pour se donner des moyens de réussir dans la conservation, un titre d’organisme officiel avec un statut juridique permet de devenir un partenaire à part entière dans tout l’écosystème des partenaires qui s’occupent de la préservation de la nature», lance la présidente de Conservation Cantley, Danielle Lacasse.
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Ce que souhaite Conservation Cantley, c’est acheter des terres à valeur écologique à Cantley pour les mettre à l’abri du développement et en donner l’accès à la population, précise Mme Lacasse.
Atteindre la cible de protéger «51%» du territoire d’ici 2030
Cette dernière était au front, au printemps dernier, quand le promoteur Rivière Mont Cascades Inc. a déposé la première phase de son projet Nature 360 devant le conseil municipal de Cantley. Le projet domiciliaire Nature 360 touche plusieurs centaines de lots sur le mont Lorne, un secteur situé à l’extérieur du périmètre urbain de la municipalité. En vertu de droits acquis, le promoteur Rivière Mont Cascades Inc. peut construire des chemins en dehors du périmètre urbain, ce qui n’est plus permis avec le nouveau schéma d’aménagement et de développement révisé de la MRC des Collines-de-l’Outaouais, qui est en vigueur depuis février 2020. Le dossier a fait beaucoup de bruit à Cantley, faisant craindre des conséquences sur le milieu naturel du mont Lorne. En avril, le conseil municipal a finalement demandé au promoteur de retourner faire ses devoirs. Une nouvelle mouture du projet se fait toujours attendre.
Conservation Cantley n’a pas été créé en opposition à un projet en particulier, insiste Mme Lacasse. «Le développement demeure quand même une préoccupation, mais notre organisme s’inscrit surtout dans le cadre de l’engagement de la Municipalité à protéger 51% des milieux naturels de son territoire d’ici 2030. C’est un engagement ambitieux qui va demander un effort concerté de la part des élus, mais aussi de la part des gens du milieu et des citoyens», affirme-t-elle.
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Les personnes derrière l’initiative croient qu’il y a un contexte favorable pour lancer un tel organisme, en 2023. «On doit s’approprier nous-même la protection de notre territoire. On est jamais aussi bien servi que par soi-même. […] Il y a aussi le fait que les gens déménagent à Cantley pour la proximité avec la nature et les gens sont aussi de plus en plus confrontés à l’urgence climatique et voient la préservation de la nature comme une façon de contrer tout ça», résume la présidente de l’organisme.
Miser sur les dons
Pour acquérir des lots, différents modèles seront mis de l’avant par l’organisme qui compte miser sur des dons de propriétaires terriens, sur le Programme de dons écologiques du gouvernement du Canada, mais aussi sur le déploiement d’une campagne de financement et l’utilisation de servitudes perpétuelles.
Dans une optique de développement de la connaissance du territoire, Conservation Cantley espère également développer des partenariats avec Conservation de la nature Canada et la Municipalité de Cantley.
Une séance d’information visant à mousser le lancement de l’organisme et son mandat est prévue le 21 novembre, à 19h, au Centre communautaire de la municipalité. «Tout est à bâtir. On va être à l’écoute des gens», indique Mme Lacasse à propos de la stratégie à court terme qui sera mise en place par le conseil d’administration.
Le maire de Cantley se réjouit de cette initiative citoyenne
Le maire de Cantley, David Gomes, salue la création de cette nouvelle entité. «Je peux juste lever chapeau à des initiatives citoyennes comme ça. Ça nous permet d’atteindre nos objectifs environnementaux indirectement», dit-il.
Cantley se retrouve dans un contexte financier précaire, souligne par ailleurs M. Gomes. La Municipalité fait face à un déficit accumulé de près de 4 millions de dollars. Les élus ont déposé, la semaine dernière, un règlement d’emprunt afin d’éponger cette dette. Une taxe spéciale de 3,7% sera probablement imposée aux contribuables, dès 2024, afin de rembourser ce déficit, note le maire qui soutient que n’importe quelle démarche de conservation du milieu naturel est la bienvenue dans le contexte actuel.
Cantley devra possiblement mettre de côté certaines mesures environnementales comme l’achat de terrains qui étaient dans le radar de l’administration dans le cadre de la cible de 51% de protection des espaces verts de la municipalité. «Toutes les démarches de protection environnementale, partout où on était proactif pour changer la donne, c’est sur la glace, le temps qu’on resserre la situation. Les priorités financières ont pris le dessus sur l’ensemble du conseil. Ça influence 100% des décisions», affirme M. Gomes.