La vie de ma mère : «Minou voulait tout et son contraire»

Nathalie Petrowski a lancé récemment le livre <em>La vie de ma mère</em>, aux éditions La Presse. Elle y retrace la vie fascinante de sa mère, Minou Petrowski.

Après avoir lu La vie de ma mère, on en apprend bien plus sur Nathalie Petrowski que sur sa mère.


Dans ce livre de 130 pages, la journaliste et chroniqueuse retrace l’histoire de sa mère, Minou Petrowski décédée en avril 2021. Une vie riche et exaltante, il faut le dire, mais tout de même basée sur une vérité inventée qui s’enrichit selon les humeurs de maman Petrowski.

Abandonnée à sa naissance dans une clinique privée de Nice, elle a été élevée par la propriétaire de cette clinique. «Ma mère a été mise en consigne sans jamais avoir été récupérée, écrit-elle dans son livre lancé le 7 septembre dernier et qui fait déjà l’objet d’une réimpression. Minou a été abandonnée par des parents qui sont tout aussi énigmatiques qu’elle.

Le père de Minou était un diamantaire qui vivait une double vie, selon des recherches effectuées dans le cadre d’un documentaire de l’ONF qui n’a jamais vu le jour. Vivant à New York, il voyageait beaucoup. Ses nombreuses traversées vers l’Europe l’amenaient à Anvers, plaque tournante de la vente de diamants.

Il aurait même été à deux doigts d’embarquer sur le Titanic.

C’est lors de ces voyages qu’il aurait rencontré la mère de Minou. À sa naissance, le couple aurait alors remis l’enfant aux bons soins des propriétaires de cette clinique niçoise, les Vautier, les assurant de revenir chercher le bébé. Ils auraient même promis un diamant noir à leurs généreux gardiens.

Les années passèrent chez les Vautier sans jamais revoir le couple.

Coup de cœur ou coup de gueule

L’autrice relate toute cette période dans les premières pages de ce livre écrit de brillante façon.

Des phrases courtes, une lecture facile et même une intrigue qui fascine forcent le lecteur à dévorer chaque page.

Le portrait de Minou que dresse sa fille n’a rien de complaisant.

Nathalie s’est lancée dans la rédaction comme elle l’a toujours fait, en voulant raconter une histoire. Celle de sa mère, mais aussi la sienne.

« Minou a toujours été là, à mes côtés, confie-t-elle. Ce qu’elle a abandonné, par contre, c’est son rôle de mère. Son métier passait toujours avant nous, mon frère et moi. »

—   Nathalie Petrowski

Ce métier, elle l’a débuté à Ottawa qui fut sa ville d’accueil lorsqu’elle a quitté l’Europe. À cette époque, Nathalie avait cinq ans. Elle a vécu dans la capitale avec sa mère jusqu’à l’âge de 13 ans, moment où elles ont déménagé à Montréal.

Passionnée de cinéma, amoureuse de la vie et d’hommes beaucoup plus jeunes qu’elle, Minou Petrowski a fait carrière à la télé.

« Minou voulait tout et son contraire, et le mensonge pouvait à l’occasion faire partie de ses armes de séduction, écrit-elle. Est-ce pour cela que j’écris ce livre? Pour corriger la fiction de ma mère et donner la vraie version de plusieurs de ses fabulations? En partie sans doute, mais en partie seulement. »

<em>La vie de ma mère</em>, Nathalie Petrowski, 130 pages, Les Éditions La Presse

Nathalie Petrowski ne cherche pas particulièrement à rétablir les faits dans ce livre. Mais elle tente plutôt d’y mettre un nouvel éclairage, d’offrir un autre angle.

« Minou n’étant plus là pour me contredire, je n’ai d’autre choix que d’en faire à ma tête et de donner ma version de notre réalité, ajoute-t-elle. Voilà en partie pourquoi j’écris ce livre... mais en partie seulement. »

Fin de vie

Les dernières années de vie de Minou Petrowski ont grandement marqué sa fille. Ne pouvant subvenir à ses besoins, Nathalie a soutenu financièrement sa mère, allant même jusqu’à lui payer un condo, écrit-elle.

Et c’est dans une chambre d’un CHSLD de Montréal que Minou termina ses jours.

« Les dernières années de vie de ma mère furent assez difficiles, admet-elle. D’ailleurs, sa mort est quand même arrivée rapidement. Malgré cette démence qui l’affublait, ma mère était en assez bonne santé. Elle n’avait pas de cancer ni de problèmes cardiovasculaires. Je ne crois pas que j’étais prête à ce qu’elle nous quitte. »

Comme elle l’écrit dans son livre, Nathalie Petrowski a appris la mort de sa mère quelques minutes avant d’entrer en ondes pour une émission de radio.

« La fiction est plus importante que la réalité, Minou? D’accord! Tu n’es pas morte, et moi, j’ai une émission de radio à enregistrer. Dix minutes plus tard, c’était parti. La mort n’avait qu’à attendre », peut-on lire dans les premières pages du livre.

Enfin, Nathalie admet avoir écrit ce livre pour garder sa mère vivante en elle. Mais également pour plusieurs autres raisons.

« On n’écrit jamais pour une seule raison. On écrit pour mille et une raisons. Pour s’exprimer bien sûr, mais aussi pour réparer, pour panser les plaies, soigner les blessures et pour partager ce bout de vie avec les autres dans l’espoir d’ouvrir une fenêtre, de tirer un rideau, de tendre une perche, de faire circuler l’air et de permettre à ceux et celles qui ont eu un rapport aussi complexe que le mien avec leur mère, de se reconnaitre.

« Oui, c’est ça la raison de ce texte : l’espoir que quelqu’un quelque part se reconnaisse », conclut-elle.