Ce lord a l’intention d’exploiter le sous-sol de la Petite-Nation, que l’on sait riche en graphite. Il s’est d’ailleurs allié avec une bande de Vikings originaire de Hull, qu’il estime apte à protéger ses mines de la révolte paysanne qui gronde.
Oyez! Oyez! «Le grand public est cordialement invité à participer à cette grogne populaire» en s’armant de fourches ou d’épées (en mousse) ce week-end, pour tenter de faire entendre raison à ce «lord» vénal. Il faudra toutefois se frotter aux mercenaires vikings que le duc a engagés pour défendre son fief, signale Alex St-Laurent... qui n’est pas l’organisateur de l’émeute paysanne qui se trame, mais le porte-parole du Festival Médiéval Montpellier, dont la 3e édition se tiendra au centre-village, du 22 au 24 septembre.
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À Montpellier, l’uchronie se perpétuera donc en costumes, à grand renfort de reconstitutions historiques, de tournois de chevaliers, d’étals de sorcières, de forgerons, d’herboristes ou d’artisans, de «cliniques équestres», de «boustifailles» et d’animations musicales et théâtrales.
La foule d’insurgés ne se contentera pas de clamer son désaccord : «on a prévu toute une animation autour de ça, avec des combats. Les Paysans vont devoir se battre contre des mercenaires vikings. [...] Et les commerçants y participeront», précise-t-il. Oui, ici, les organisateurs s’efforcent de dérouler un récit chronologique cohérent, et ce «suivi thématique» continuera de s’écrire sur parchemin, dans les années à venir.
Un récit qui, bien que fantaisiste, n’est pas complètement déconnecté de la réalité de la région, fait-il valoir. « Notre animation est basée sur le réel, c’est un commentaire social semi-humoristique», prévient-il en rappelant que le gouvernement de Jean Charest avait autorisé l’exploitation de plusieurs «claims» miniers dans la Petite-Nation.
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Depuis, de nombreuses compagnies déterminées à implanter des mines de graphites achètent des terrains et s’installent en Outaouais, attirées par la demande croissante de cette espèce minérale, en raison de son utilisation dans la fabrication des batteries de voitures électriques, détaille M. St-Laurent.
«On [une large partie de la population] a un gros problème avec les mines, et on n’a aucun recours.
Le développement [des petites municipalités de la Petite-Nation] est incompatible avec l’activité minière : d’ailleurs, les gens sont contre [de tels projets], mais les maires ont les mains et poings liés [depuis] des années», poursuit ce jeune homme d’affaires qui s’est installé à Namur, où il a ouvert il y a deux ans et demi le Salon des Inconnus, une «auberge d’Artistes et Entrepreneurs» vouée au développement culturel de la municipalité et des environs.
Cette spectaculaire plongée dans une histoire médiévale réinventée sert ainsi de «satire» : «Le thème est plus sérieux [qu’il n’y paraît]. On rit jaune, mais on rit!»
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«La première édition [de ces festivités médiévales, tenue en 2021, en pleine pandémie] était un peu improvisée, c’était organisé surtout pour sonder un peu l’interêt dans la région. Avant, ça fonctionnait juste du bouche-à-oreille, mais ç'a pris énormément d’ampleur» à partir de l’an dernier, constate Alex St-Laurent, tout sourire.
Grâce à ce spécialiste des communications très attentif aux réseaux sociaux, le festival médiéval de Montpellier bénéficie désormais d’une vitrine Web tout ce qu’il y a de plus moderne, dynamique et surtout, «interactive» : «on essaie de rendre ça un peu plus bidirectionnel, d’impliquer le public. On aide les gens à s’organiser pour le covoiturage», les artisans y ont une belle visibilité et, parce que «quand tu regardes les Comiccon(s), les affaires de cosplay [mascarade], c’est ce qui fonctionne le mieux», les participants sont encouragés à partager des photos de leurs costumes, bien souvent fabriqués à la mitaine.
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«Tournoi participatif»
Un spectacle d’ouverture est prévu dès 17h, vendredi. Mais l’essentiel des activités – «discours du Duc, combat viking, joutes chevaleresques, jeux équestres, démonstration de behourd (sport de combat moyenâgeux), etc. – se déroulera samedi et dimanche.
«Comme d’habitude, on a des tournois, mais cette année on a un gros tournoi de combats d’épées en mousse auquel le public pourra participer. Ce sera supervisée par un de nos personnages ‘arbitre’. C’est nouveau, on a lancé ça aujourd’hui [lundi]», dévoile Alex St-Laurent. «Avant, la plupart des activités étaient non participatives. Cette fois, on voulait un tournoi un peu plus inclusif, mais qui se fait de façon sécuritaire.» Les inscriptions à cette activité sont gratuites.
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La fière troupe de vikings de l’association Hullsborg, qui assure une présence au festival depuis le début, sera à nouveau réunie pour faire régner – pour rire – la terreur, ou tout simplement pour éclairer le public sur le mode de vie des vikings, ou l’organisation d’un raid.
Pour cette 3e édition, l’emphase a été mise sur le volet éducatif. «Sur nos réseaux, un post sur deux est du genre ‘Saviez-vous que...?’ et les artisans donneront des ateliers (sur inscription préalables) aux badauds curieux d’en apprendre davantage sur leur métier. Le forgeron risque d’être fort sollicité, illustre-t-il. Artisans et commerçants ont été réunis dans une même zone baptisée «Village paysan», où tout le monde est costumé (même si on accepte la vente de produits anachroniques).
Moins eurocentré
«On essaie aussi d’ouvrir le monde médiéval à quelque chose de moins eurocentré», avertit le porte-parole des Médiévales.
Participant à «l’effort de réconciliation» collectif, «on aura cette année des représentants autochtones : des artisans anishinaabes qui suivent ‘la voie rouge’» c’est-à-dire qu’ils reproduisant les techniques ancestrales. «Remèdes, nourriture, tannerie de peaux, etc. ils font tout eux-mêmes, à l’ancienne. Et ils viennent de Montpellier.»
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«On veut de la diversité. Tout ce qui est médiéval africain ou oriental nous intéresse, parce que le monde médiéval, il était partout sur la planète, pas juste en Europe. On a fait des appels, et on n’a pas [eu de candidats exotiques] cette année, mais on en veut dans le futur...»
Contrairement aux éditions passées, il n’y aura pas de grand méchoui cette année. «C’était trop de gestion» pour la petite équipe d’organisateurs et de bénévoles – qui pensent toutefois renouer avec cette populaire activité gastronomique dès l’an prochain. Cette année, les affamés devront se contenter de «trois food trucks, qu’on essaie de décorer et de déguiser pour les rendre médiévales, dans la mesure de ce qui est possible».
Le festival se déroule derrière des palissades, de façon à cacher les maisons et les voitures qui viendraient gâcher la magie médiévale.
«On était autour de 2500 l’an dernier. Cette année on espère entre 3000 et 4000 visiteurs», annonce Alex St-Laurent, avant de rappeler que la vente de billets en ligne est moins onéreuse que sur place, afin de soulager le temps d’attente au portillon.
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Renseignements : Festival médiéval de Montpellier ; Facebook
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