Cette «journée du drapeau», comme l’événement est parfois surnommé, revêt un intérêt particulier cette année. Pour la première fois depuis 2019, l’ensemble des cérémonies est délesté des restrictions sanitaires exigées par la pandémie de COVID-19.
L’heureux hasard du calendrier ajoute une bonne visibilité, puisque les célébrations de ce lundi ne seront pas dans l’ombre d’une fin de semaine tandis que les députés seront le même jour de retour sur les bancs de l’Assemblée législative à Toronto.
Signe que ce Jour des Franco-Ontariens retrouve son lustre d’avant la pandémie : le monument de la francophonie d’Alfred a été inauguré la semaine dernière. Ce 18e édifice du genre en Ontario français est le premier à s’ériger depuis celui devant la Fromagerie St-Albert en 2019.
À des centaines de kilomètres de là, à Mattawa, sur la route du Nord, le drapeau franco-ontarien sera levé pour la première fois devant la municipalité ce 25 septembre.
Au-delà des festivités, il est difficile de ne pas associer le 25 septembre aux demandes politiques. D’autant qu’à Toronto, la nouvelle mairesse Olivia Chow et la ministre aux Affaires francophones, Caroline Mulroney, auront la responsabilité de lever le drapeau vert et blanc respectivement devant la municipalité et à Queen’s Park.
Pour Mark Sutcliffe, à Ottawa, il s’agira aussi de sa toute première cérémonie en tant que maire (sous réserve de sa présence non confirmée pour le moment). Force est d’admettre que si le premier magistrat fait l’effort de communiquer dans les deux langues officielles du Canada, les services en français connaissent un statu quo inquiétant au sein de la municipalité.
:quality(95)/cloudfront-us-east-1.images.arcpublishing.com/lescoopsdelinformation/MQNGYSCBAFHHDHCHW7WBSU6VRI.jpg)
À Sudbury, les revendications politiques rencontreront l’histoire des Franco-Ontariens. Car c’est bien devant les portes de l’Université de Sudbury, le 25 septembre 1975, que le drapeau franco-ontarien a été levé pour la première fois.
Ironie du sort, ledit établissement, désormais pleinement francophone et laïque, demeure sous les feux de l’actualité depuis les coupes massives au printemps 2021 l’Université Laurentienne dont il est séparé de seulement quelques mètres.
Vue comme l’alternative idéale pour pallier les carences dénoncées de La Laurentienne en matière de francophone, l’Université de Sudbury avait subi en début d’été un revers majeur de la part du gouvernement provincial.
En dépit des revendications de la communauté francophone, l’équipe du premier ministre, Doug Ford, avait finalement refusé de s’engager financièrement pour aider l’institution, toujours sans le moindre étudiant, à passer la seconde vitesse.
Si le 25 septembre reste l’occasion de se souvenir du chemin parcouru depuis plusieurs décennies, illustrée par exemple par l’indépendance des conseils scolaires de langue française, la multiplication des services bilingues, ou encore l’ouverture d’une université franco-ontarienne, cette date doit être l’occasion de parler des cibles à atteindre ensemble.
Relire les paroles de Notre Place, nous rappelle justement cette obligation de combiner en permanence les festivités aux combats. «Pour mettre les accents là où il le faut se lever, il faut célébrer», chantait Paul Demers dans cette chanson iconique devenue l’hymne officiel des Franco-Ontariens.
Lundi soir, lorsque flotteront des centaines de drapeaux verts et blancs levés la même journée, il ne sera pas tout à fait le temps de se reposer. Mais de se souvenir que les combats pour «mettre les accents là où il faut» devront se poursuivre coûte que coûte.
•••
Sébastien Pierroz est journaliste et producteur pour la franchise d’actualité ONFR+ du Groupe Média TFO